Hello les filles,
Comment allez-vous en ce début 2025 ?
ParisienneJolly revient pour une année de folie avec des articles, des interviews vidéo, des conseils pour les women handi, l’arrivée de Céline Bailleux dans l’équipe éditoriale et enfin le projet du Speed Dating Evolution en collaboration avec l’application Myhandyplus !
Pour les 12 mois à venir, nous avons décidé de vous régaler, alors les filles on reste connecté !
Aujourd’hui nous allons parler du handicap qui survient au cours de la vie d’une femme.
Avant toute chose, petit retour sur quelques statistiques :
Un Français sur 5 est concerné, soit 12 millions de personnes. 80 % de ces handicaps sont invisibles et 85 % surviennent au cours de la vie. Malgré le nombre élevé de personnes handicapées, nous pouvons constater qu’il y a encore énormément de préjugés qui persistent sur le handicap !
Lorsque le handicap arrive soudainement dans la vie, on a l’impression de s’être pris un crochet du droit et ensuite du gauche. La plupart du temps, il faut réapprendre et s’adapter à cette nouvelle vie de femme handi. Se réapproprier sa féminité, sa sexualité, la vie quotidienne, les changements dans sa vie professionnelle, les adaptations médicales… En bref, une de ses galères !
Oui, bien sûr, devenir une femme handicapée est extrêmement compliqué, mais ce n’est pas pour autant que la vie s’arrête, bien au contraire une nouvelle page s’ouvre, c’est à chacune d’écrire sa propre nouvelle histoire, avec ses hauts et ses bas !
Nous pouvons constater que de nombreuses femmes ont cette put..1 de force pour rebondir de manière spectaculaire comme l’athlète handisport, Pauline Déroulède. Ou encore la belle Virginie Dubost .
Chacune d’elles a décidé de continuer de vivre à 100 % et elles ont fait de leur handicap une force à toute épreuve ! Pauline dans le sport, Virginie veux faire évoluer les mentalités sur le handicap via ses réseaux sociaux.
Le média va maintenant s’attarder sur le parcours de Cécilia Conan, 43 ans, jadis Parisienne et de retour dans sa ville natale de Nice, travaillant en tant que photographe et réalisatrice, qui a dû elle aussi s’adapter à sa nouvelle vie à la suite d’un accident. Elle va nous raconter, comment elle essaye de se réapproprier sa féminité, son expérience sur les applications de rencontres, son opinion sur le handicap en France.
La vie d’une woman handi 2.0
Ton handicap est à la suite de quel genre d’accident ?
J’ai eu un très grave accident de la route. Je rentrais chez moi en scooter à 23 h 20 le 29 octobre 2021. Je redémarrais à un feu rouge, à deux rues de mon appartement, quand une voiture est arrivée de face. Elle doublait un bus et m’a totalement explosée. Le conducteur était ivre, roulait à plus de 100 km/h au lieu de 30 km/h et a fait un délit de fuite. J’ai eu de multiples blessures, dont plusieurs mortelles.
Heureusement, une personne m’a vu et m’a fait deux garrots en attendant les secours. Il m’a clairement sauvé la vie.
Étant une femme handi à la suite d’un accident, comment as-tu appris à vivre avec ?
Depuis 3 ans, à la suite de cet accident de la route, je vis avec un double handicap. Je suis paraplégique complète T9 et amputée fémorale, ce qui veut dire que je suis totalement paralysée en dessous du nombril et également amputée au milieu de ma cuisse gauche.
J’ai plusieurs blessures mortelles, je n’aurais pas dû survivre à cet accident ou du moins, pas en si bon état, si je puis dire. Les médecins avaient annoncé à mes parents que je n’aurais sûrement plus ma tête si je me réveillais de mon coma. Cela me fait énormément relativiser. Bien sûr, ce n’est pas facile tous les jours, le moral est très en dents de scie, mais je me raccroche aux petites choses de la vie qui font que je suis heureuse d’être encore là. Et mon entourage familial et amical est formidable. Ils sont présents pour moi et ne me font pas ressentir mon handicap.
As-tu porté plainte ? Si oui, as-tu des nouvelles de cette plainte ?
J’ai porté plainte contre le conducteur, qui est le seul responsable de cet accident, avec une conduite totalement à risque. J’attends toujours le procès. Cela devrait arriver courant 2025.
J’ai également porté plainte contre la mairie de Paris, car elle avait installé d’énormes parpaings de béton pour distinguer les pistes cyclables de la route que je trouvais extrêmement dangereux. Je n’ai aucun retour.
As-tu réussi à te réapproprier ta féminité ?
Je suis restée deux mois à l’hôpital puis sept mois en centre de rééducation. Au début de ma rééducation, le corps médical avait demandé à ma famille de m’acheter des vêtements bien amples pour faciliter l’habillage, donc jogging et tee shirt. Ça ne me ressemblait pas du tout. Avant mon accident, j’étais féminine, je portais des talons, des bijoux, je me maquillais.
Des amies m’ont offert des masques, crèmes et autres accessoires pour prendre soin de moi alors que je venais d’arriver en centre de rééducation. L’idée de me faire un masque dans cet endroit après ce qui m’était arrivé me paraissait futile, mais j’ai vite compris que c’était en fait essentiel. Quand notre corps a autant été traumatisé, il faut en prendre davantage soin.
Dès que je n’ai plus eu de minerve et que j’ai commencé à retrouver mes vêtements plus féminins, j’ai remis également quelques bagues. Puis j’ai commencé à me remaquiller un peu. Les bagues, le maquillage, c’était moi avant. Aucune raison que cela ne le soit plus après l’accident. D’ailleurs, je n’ai jamais mis autant de jupes ou robes que depuis mon accident. Bon, j’avoue, c’est surtout par facilité pour les sondes et l’habillage, mais c’est également parce que je ressens le besoin de me trouver jolie. Le fauteuil n’empêche pas la féminité.
D’après toi quels sont les modifications que la France devrait apporter à propos des femmes handi ?
Je ne sais pas si c’est spécifique aux femmes handi, je dirais aux handi en général.
Bien qu’il commence à y avoir quelques efforts, la plupart des lieux sont inaccessibles. On est face à des marches un peu partout, les espaces sont très étroits, toilettes non adaptées et je ne parle pas de l’état des trottoirs, entre le manque de bateaux et les crottes de chien. Beaucoup de choses sont à revoir globalement. Même quand les lieux font des efforts, on est loin de la perfection. La plupart des toilettes adaptées ne le sont pas réellement : miroir trop haut, pas de poubelles pour mettre les sondes, savon, sèche main ou porte-manteau trop haut.
Dans la plupart des cinémas accessibles, ils ont tout simplement enlevé les fauteuils, donc on est condamnés à rester sur notre fauteuil qui n’est pas du tout confortable. Et lorsqu’il y a un siège possible pour nous, il est tout seul, donc impossible d’être à côté d’un ami. L’état français ne fait pas assez de contrôle et ne punit pas assez. J’ai vu des toilettes PMR qui ont eu l’agrément tout en haut de quatre marches. La loi obligeant tout lieu ouvert au public à être accessible date de 2005 pourtant.
La dernière fois, j’étais convoquée à la CPAM pour mon dossier d’invalidité, j’ai traversé Nice pour me retrouver face à une entrée qui avait une marche, un couloir trop étroit et des escaliers pour accéder au bureau. Voilà la réalité. Il y a énormément d’absurdités.
Ils font un peu pour donner l’impression de faire, mais c’est loin d’être suffisant.
Les rencontres love, on en parle…
Comment abordes-tu les relations amoureuses ?
C’est compliqué. Je sens que le regard des hommes a changé. J’avais pas mal de succès avant mon accident. Aujourd’hui, on ne me regarde plus comme une femme désirable. Les gens ont tendance à ne voir que le fauteuil. Beaucoup ne me regardent même pas d’ailleurs. Les gens ont un rapport étrange face au handicap. Et le mien est très visible, je ne peux pas faire illusion.
Es-tu en couple ou célib ?
Je suis célibataire depuis mon accident. J’étais en couple depuis presque 5 ans lorsque j’ai eu mon accident. Mon copain, qui habitait en Martinique au moment des faits (je devais le rejoindre pour m’installer là-bas avec lui) est venu me voir une semaine après l’accident, lorsque je me suis réveillée du coma, mais je délirais et il n’a pas pu entrer dans ma chambre. Il n’est jamais revenu me voir à l’hôpital.
On s’est quittés trois mois après l’accident par téléphone. Je n’ai donc jamais revu son visage depuis que j’ai été percutée.
Depuis, j’ai rencontré quelques mecs, mais ça n’a rien donné. C’est difficile de faire des rencontres déjà en temps normal alors avec un double handicap tel que le mien… Etrangement, les hommes sont plutôt frileux face au handicap.
As-tu déjà été inscrit sur un site ou app de rencontres ?
Je me suis inscrite sur des sites de rencontres depuis un peu plus d’un an, mais j’avoue ne pas être très assidue. J’ai beaucoup de mal avec cette manière de faire, même si je sais qu’aujourd’hui, ça se passe comme ça ! J’ai des likes et des discussions, mais je sens que la rencontre est faussée dès le début. Ils parlent avec plusieurs filles en même temps, et moi la situation complique tout de suite les choses.
S’il vit dans un appartement inaccessible, d’emblée, il sait que je ne pourrais jamais aller chez lui. Ça fausse la relation. Face à deux profils similaires, un classique et le mien, ils vont naturellement vers le plus simple. Je ne peux pas leur en vouloir.
Je manque également totalement de confiance en moi. Le fait d’être amputée ne m’aide pas à me sentir désirable. Et d’avoir été abandonnée à cause de mon handicap aussi.
Connais-tu l’app Myhandyplus ?
Non, je n’en ai jamais entendu parler.
(Ndlr : Myhandyplus est une application de rencontres 100 % inclusive créé par Alexia Barjhoux, qui est également chroniqueuse sur le média ParisienneJolly.)
Myhandyplus.com
Woman cash !
Comment abordes-tu cette nouvelle sexualité avec ta petite particularité en plus ?
N’ayant eu aucune relation depuis mon accident, c’est difficile pour moi d’en parler, mais j’ai eu deux rendez-vous avec des sexologues qui m’ont rassuré quant au fait de retrouver du plaisir. J’en parle avec mes copines qui sont en fauteuil depuis plus longtemps que moi et qui sont en couple, voir même qui sont devenues mères depuis leur accident. Elles me rassurent.
Comment les hommes ou femmes réagissent sentimentalement face à ton handicap ?
Les gens réagissent très bizarrement face au handicap. Soit, ils en ont peur (je les vois fixer maladroitement ma prothèse, ils s’éloignent de moi quand ils me croisent) soit ils veulent faire une bonne action et en oublient de respecter mon choix. Un bon nombre de personnes m’ont poussé sans même me demander ou respecter mon refus.
Ils m’infantilisent ou pensent que je suis faible, fragile, alors que pour supporter ma situation et cette société validiste, il faut être au contraire très fort.
Pour toi parle-t-on assez de la sexualité des femmes handi ?
On ne parle pas du tout de sexualité chez les femmes handi, voir chez les handi tout court. C’est parce que j’ai posé des questions et que j’en ai fait la demande, que j’ai obtenu un rendez-vous avec des sexologues. Dès mon accident, on m’a rassuré en me disant que je pouvais encore avoir des enfants, mais ils ne m’ont pas parlé de sexualité. C’est problématique, notamment pour des personnes timides ou peu sure d’elles, qui risquent de rester enfermées dans leurs interrogations.
As-tu trouvé un bon gynéco ou sage-femme, comprenant ton handicap ?
Non, c’est très problématique. Déjà, il faut trouver un cabinet accessible, sans escaliers et assez large. Ensuite, la plupart des cabinets médicaux n’ont pas de fauteuils/tables à bonne hauteur ou réglables et il est impossible pour moi de me transférer sur une chaise si haute. La dernière Gynéco que j’ai vue m’a fait un frottis depuis mon fauteuil roulant et tout en rigolant, elle me disait ne pas être certaine de l’avoir bien fait, car elle ne voyait pas bien. La prise en charge médicale des personnes en situation de handicap, particulièrement en fauteuil roulant, est très problématique. Je rencontre ce genre de problème partout ailleurs : urologue, ophtalmo, etc.
As-tu un coup de gueule à passer ? Nous sommes tout ouïes !
Depuis trois ans, je me rends compte à quel point notre société est validiste. Ce n’est pas pour rien que les personnes en situation de handicap sont les premières personnes discriminées. Il ne se passe pas un jour sans qu’un problème lié au manque d’accessibilité ne vienne bousculer mes plans. C’est fatigant. Il y a tellement à faire, la liste serait trop longue.
Mais ce qu’il faudrait changer avant toute chose, c’est la mentalité des gens. Pour la plupart des gens, être handicapé rime avec vie minable ou difficile. C’est vrai qu’il y a des difficultés, des douleurs, mais ce qui rend la vie difficile, c’est l’inaccessibilité et surtout le regard et le comportement des gens. Depuis trois ans, on ne me dit plus au revoir, mais bon courage. Je trouve ça assez effrayant. Sans compter les gens qui, pour assouvir leur curiosité malsaine, me demandent ce qui m’est arrivé et veulent des détails de ma vie sans même se soucier de ce que je peux ressentir. Et je ne parle pas des réflexions ahurissantes auxquelles j’ai eu droit du type « je n’aimerais pas ou ne pourrais être à ta place ». Comme si je l’avais choisi.
N’ayez pas peur du handicap ni des personnes en situation de handicap. Et surtout agissez comme avec n’importe quelle autre personne.
Quant aux rencontres amoureuses, n’ayez pas peur de faire ma connaissance. J’ai beaucoup d’humour, j’aime rigoler, m’amuser. Je fais des milliards de choses. On ne s’ennuie pas avec moi.
Pour finir cette interview, as-tu quelque chose à dire aux lectrices de ParisienneJolly ?
Bonne lecture. J’espère que cette interview vous aura un peu fait changer votre regard sur le handicap.
As-tu un avis à donner sur le média ParisienneJolly, ou un sujet que tu souhaiterais que l’on aborde ?
Continuez de parler du handicap, de le rendre visible. C’est important !
Un grand merci à Cécilia d’être passée sur le média ParisienneJolly, son témoignage est vraiment très important pour faire évoluer le regard de notre société vis-à-vis des femmes handi 2.0. Le média ParisienneJolly est convaincu que le handicap doit être abordé de manière plus moderne, fun et naturel pour que les personnes handicapées soient des citoyens à part entière.
Les filles, si vous êtes en train de vivre une période chamboulant toute votre vie, accrochez-vous car cette « Put..1 » de vie mérite d’être vécue !!! Ne lâchez rien !!!
Nous remercions Céline Bailleux pour ses premières illustrations sur le média ParisienneJolly. Bienvenue à elle dans la team des women handi 2.0 !
Prenez soin de vous !
Site de Cecilia : ceciliaconan.com
Illustrations réalisées par : Céline Bailleux
Article écrit par Sandrine Ciron
Témoignage très touchant , vous avez des yeux magnifiques et vous êtes très charmante 😉, je ne sais pas comment faire pour vous contacter mais j’aimerais bien faire connaissance avec vous , si une personne veut bien m’aider à avoir un contact avec cette charmante demoiselle je suis preneur, enfin si vous êtes toujours célibataire 😊.