Salut les filles !
Mai, le printemps est bel et bien là, mais il est encore temps de respecter nos bonnes résolutions de nouvelle année ! Perso, je n’en prends pas, comme ça, je ne suis pas déçue !
Cependant, j’ai repris une activité de sport adapté à mon handicap ! Je m’en félicite d’ailleurs non pas que j’aime cela, mais c’est bon pour moi… Tu dois te demander pourquoi je te raconte ma vie de sportive handi ?
Parce qu’aujourd’hui, je vais te parler de ton périnée et que cela a un rapport, entre autres choses, avec le sport, mais aussi la continence urinaire et anale quand on n’est pas neuro-lésée, puis la sexualité et l’accouchement ! Un truc complétement essentiel à la bonne qualité de vie donc… mais qui nous en parle de notre périnée que nous devrions connaître et chérir dès le plus jeune âge ?
On attend souvent qu’une femme accouche pour lui en parler…ce qui exclut d’office toutes celles qui n’accouchent pas…sympa !
Le périnée qu’est-ce que c’est ?
C’est un ensemble de muscles, appelé aussi plancher pelvien, qui ferme le petit bassin soutenant donc la vessie, l’utérus et le rectum ainsi que tous les organes qui se trouvent dans l’abdomen. C’est vraiment le plancher de notre corps et présente une forme de hamac.
Les muscles sont insérés sur le pubis ou symphyse à l’avant et sur le coccyx à l’arrière.
Il comporte trois orifices chez la femme : méat urinaire, orifice vaginal et anus.
Tu l’auras compris, le périnée n’est pas vraiment un gadget dans notre vie…
Un périnée solide et efficace permet une bonne continence urinaire et anale (gaz et selles) c’est-à-dire qu’il participe activement à lutter contre les fuites urinaires et fécales. L’autre spécificité du périnée est de participer à une sexualité épanouie. Son rôle est donc multiple.
Il soutient les organes pelviens, les empêchant de tomber, littéralement ! Cette fonction est particulièrement importante lors d’un effort abdominal engageant les abdominaux : par exemple porter une charge lourde, mais aussi tousser ! Il permet le contrôle des émissions d’urine, de selles et de gaz grâce à son relâchement ou sa contraction.
Enfin, il participe au plaisir sexuel notamment au cours de la pénétration, sa tonicité et sa contraction favorisant des orgasmes plus puissants et des sensations plus intenses.
Et si mon périnée dysfonctionne ?
Un des signes les plus courants est l’incontinence urinaire à l’effort. Ce que l’on appelle l’effort en périnéologie, c’est : la toux, le fou rire, le port de charge et l’éternuement. Elle est liée à une faiblesse des muscles périnéaux qui sont moins toniques.
Cette hypotonie peut être liée à des changements hormonaux, car le périnée est hormono-dépendant (grossesse, ménopause), à l’âge, à une prise de poids, à un accouchement traumatique, à des efforts physiques répétés en sport par exemple !
Le symptôme est facilement repérable : je tousse (par exemple) et hop je sens quelques gouttes, ou plus, d’urine qui coulent… La dysfonction se traduit plus rarement par une incontinence anale qui peut arriver après un accouchement traumatique par voie basse. En cas de symptômes d’incontinence urinaire, il faut en parler rapidement à son médecin traitant, son gynéco ou sa sage-femme !
En effet, il est possible de faire de la rééducation périnéale afin de tonifier les muscles et d’empêcher les fuites ! Elle peut s’effectuer auprès d’un-e kinésithérapeute, souvent spécialisé-e ou d’une sage-femme formée. Cette rééducation peut se faire en thérapie manuelle ou avec une sonde, mais en tous les cas TOUJOURS après un bilan initial complet.
Enfin, fuis les professionnel-les qui te laisse travailler seule dans une salle même avec une sonde raccordée à la machine ! Les séances durent en moyenne vingt minutes et associent parfois un travail abdominal complémentaire.
Sache, cependant, que la rééducation, c’est bien, mais que le périnée est un ensemble musculaire que l’on devrait entraîner tous les jours de sa vie en dehors de toute situation problématique ! Tu vois le rapport avec la reprise de mon sport adapté maintenant ? Je fais très attention à mon périnée sur tous les efforts musculaires qui le sollicitent. Pour cela, je le contracte avant l’effort et j’évite de pousser dessus !
Un autre truc embêtant avec le périnée, c’est le contraire, l’hypertonie périnéale : le périnée est contracté de manière anormale souvent en permanence. Cela peut entraîner des douleurs à la pénétration (dyspareunies) voire une impossibilité d’être pénétrée, on parle alors de vaginisme, des difficultés à uriner ou une constipation. On s’en rend moins souvent compte ou alors à l’occasion de problématiques sexologiques. Là encore, il faut en parler avec un-e professionnel-le de confiance.
Cette hypertonie peut venir d’un traumatisme physique ou psychologique ancien ou récent, un état de stress, une mauvaise posture ou parfois une pratique intensive et longue dans le temps de certains sports sollicitant beaucoup le périnée (équitation, danse classique, GRS…). Là encore, il faudra organiser des séances avec kiné ou sage-femme afin d’apprendre à décontracter le périnée : travail au miroir, massages, étirements.
Cette problématique est encore peu reconnue et mal prise en charge malheureusement…il ne faut pas hésiter à changer de professionnel-les si on ne t’écoute pas ! On entend encore des trucs comme « Faut se détendre Madame », « C’est normal que ça fasse mal » etc, etc…
Qu’est-ce qui influence la bonne santé de mon périnée ?
Les hormones ou plutôt tous les changements hormonaux :
Au cours de son cycle menstruel, on peut ressentir des changements de tonicité de son périnée.
Au cours de la grossesse, le périnée peut sembler plus faible.
En post-partum en raison de l’accouchement et d’éventuelles lésions périnéales comme une épisiotomie ou une déchirure et/ou de l’allaitement maternel.
La ménopause par carence en œstrogènes.
Comment en prendre soin ?
D’abord en le considérant ! En apprenant à le connaître, en l’intégrant à ton schéma corporel. Prendre un miroir et observer sa zone génitale minutieusement, histoire de bien visualiser méat urinaire, orifice vaginal et anus afin d’imaginer le périnée qui les enserre.
Essayer, toujours avec un miroir de contracter et décontracter cette zone de façon volontaire, en conscience ! Je t’assure que c’est fou de voir son périnée se contracter et se décontracter sous tes yeux ! Petit conseil fait le lors d’un rapport sexuel pénétratif, c’est très agréable pour les deux partenaires.
Ne pas faire d’effort de poussée sur son périnée, en particulier pour aller à la selle ce qui signifie lutter contre la constipation, grâce à un régime riche en fibres et une consommation importante d’eau en plus d’une activité physique quand cela est possible. Ne pas pratiquer le « stop-pipi », légende urbaine qui renforcerait le périnée, mais ce n’est absolument pas le cas et surtout, cela peut entraîner des infections urinaires.
L’entraîner tous les jours en le contractant et le décontractant plusieurs fois par jour. Tu contractes sur l’expire et décontracte sur l’inspire, trois séries de dix par jour, tranquillement sans pousser. L’idéal est de le faire dans différentes positions : allongée, assise et debout.
Et le sexe dans tout ça ?
Un périnée tonique permet de meilleures sensations lors de pratiques sexuelles pénétratives, à fortiori un périnée distendu va diminuer les sensations voire les enlever complétement. Le plaisir sexuel dépend donc aussi de notre périnée comme les hommes d’ailleurs ! Entraîne-le aussi pendant l’acte sexuel pour décupler tes sensations.
Finalement le périnée dont on ne parle jamais fait partie des grands indispensables de notre vie, alors prenons en soin ! Parlons-en à nos professionnels de santé sans tabou et sans attendre il y a des solutions pour renforcer ou détendre son périnée !
Article écrit par Laure Senemaud Carriquiry