Hello les filles,
On a toutes entendu au moins fois ce genre de phrases extrêmement désagréables :
– Tu as du courage !
– Ma pauvre, ça doit être compliqué.
– Tu dois toujours habiter chez tes parents avec ton handicap.
– Tu es mignonne, mais je ne me vois pas sortir avec une personne handicapée !
Que l’on soit handi de naissance ou à la suite d’un accident de la vie, nous avons toutes eu à supporter des phrases de ce genre !
Nous vivons dans un pays où le handicap est encore mal ancré dans notre société. Les personnes ne savent pas comment aborder ce sujet de manière naturelle, car soyons honnêtes les femmes handi sont encore prises pour des petites choses fragiles !
Nous avons trouvé quelques chiffres venant de la CNCDH (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme).
- 6 Français sur 10 pensent que le handicap rend malheureux
- 4 Français sur 10 trouvent normal que des handicaps ne permettent pas d’avoir accès à certains droits
- 3 hommes sur 10 et 2 femmes sur 10 seraient moins fiers de leur enfant s’il devenait handicapé
- 3 personnes de moins de 35 ans sur 10 pensent que les personnes en situation de handicap coûtent trop cher à la société
- 1 personne de plus de 50 ans sur 10 pense que les personnes en situation de handicap coûtent trop cher à la société
Ces chiffres font assez froid dans le dos et c’est pour cette raison qu’il est primordial de montrer le handicap sous un jour moderne et fun comme nous le faisons chez ParisienneJolly depuis presque deux ans !
On ne le rappellera jamais assez, le handicap n’est pas une fatalité, les women handi peuvent vivre comme elles le souhaitent juste avec leurs petites particularités en plus. Les réseaux sociaux sont un véritable levier afin de casser ces préjugés ! Depuis plusieurs années nous remarquons que de plus en plus de femmes n’hésitent plus à montrer leur quotidien, leur travail, leur vie de famille à leur communauté … Ça aide à changer le regard vis-à-vis du handicap, mais maintenant il faudrait que notre société intègre réellement les women handi une fois pour toutes et non de minuscules pierres par-ci, par-là !
Qu’en pensez-vous ?
Nous continuons cet article avec la fraîche interview de Virginie Dubost. Cette nana à roulettes partage son quotidien avec humour sur Instagram et LinkedIn !
Vous allez découvrir une woman handi 2.0 !
Qui est virginie ?
1/ Qui est Virginie en quelques phrases ?
Je suis niçoise et je vis à Paris depuis 16 ans déjà. Je suis une jeune femme drôle et combative qui essaie de rester positive, malgré les épreuves que la vie a pu mettre en travers de mon chemin. J’ai toujours été passionnée de voyages, et plus particulièrement par l’Amérique latine, et de sports.
2/ Quel est ton parcours professionnel dans le monde du luxe ?
Ma première expérience dans le luxe était un stage de vente chez Louis Vuitton à Monaco. J’ai adoré ! J’ai voulu me spécialiser dans ce secteur. J’ai été sélectionnée pour faire le MBA sup de luxe qui permet de se spécialiser dans les métiers du luxe.C’est une formation en cours du soir et la journée, j’étais en stage chez Lanvin puis pendant un an chez Cartier en marketing, puis en commercial en horlogerie.J’ai toujours été passionnée par les montres. J’ai ensuite poursuivi par un autre stage, toujours en marketing horlogerie chez Chanel.Puis mon premier poste a été chez Fred joaillerie, qui est une maison du groupe LVMH, en tant que coordinatrice commerciale. Puis chez Dinh Van toujours en joaillerie en tant que responsable commerciale France, Benelux et Liban. Pour la première fois, j’avais mon Secteur et mon portefeuille clients. Enfin, j’ai été débauchée par Swarovski, en tant que responsable commerciale pour Paris.
J’ai un parcours de plus de 10 ans dans l’industrie du luxe, et ce qui me plaît tout particulièrement, c’est la relation que j’ai pu avoir avec mes partenaires et clients dans le cadre de mes différents postes.
3/ On a entendu dire que le Mexique est ton pays de cœur. Qu’aimes-tu le plus à travers celui-ci ?
J’ai eu la chance de pouvoir partir 6 mois en Erasmus, lorsque j’étais en troisième année d’école de commerce. J’ai choisi immédiatement le Mexique. C’est un pays riche culturellement, les habitants sont d’une extrême gentillesse. La diversité des paysages à travers le pays est incroyable et on y mange très bien ! J’avais l’habitude d’y retourner une à deux fois par an, toute seule sur la côte Caraïbes à Playa Del Carmen et Tulum pour faire du yoga et des stages de plongée. De plus, les Mexicains adorent les Françaises !
4/ Ton handicap est arrivé à la suite d’un accident de surf. Comment as-tu réussi à garder cette niaque au fil de ta nouvelle vie de woman handi ?
Le plus important est d’être entouré, et je peux dire que ma famille et mes proches ont joué un rôle clé dans ma période post accident. Cela permet de garder le moral, car sans moral il est beaucoup plus dur d’avancer, de se projeter !
Autre chose, j’ai toujours été très sportive, et je pense que cela m’aide beaucoup aujourd’hui à rester combative et aller de l’avant même en cas de coup de mou. De toute façon, depuis que je suis en fauteuil roulant, j’ai deux options : soit de me laisser aller et de déprimer, soit de m’ouvrir le champ des possibles, d’accepter et de provoquer des opportunités ! J’ai choisi la deuxième option !
5/ Si on te dit « Les Invalides », quelle est ta première réflexion ?
En effet, j’y suis resté un an et demi en rééducation, et c’était la phase « sympa » de ma rééducation. J’étais sortie de la période aiguë et mes préoccupations étaient l’autonomie et la motricité. J’ai également fait la rencontre de soignants incroyables et de patients avec lesquels j’ai gardé contact pour la plupart. J’y retourne très souvent et j’y est même joué une pièce de théâtre avec trois autres personnes qui travaillent à l’hôpital des Invalides !
6/ Quels sont tes hobbys ?
Je fais beaucoup de rééducation, environ quatre fois par semaine. Et sinon je suis très entourée et j’aime faire des sorties dîners entre amis.
7/ Et si tu nous racontais ton expérience avec l’exosquelette ?
Ah, l’exosquelette… ! J’ai fait la découverte de Wandercraft en avril 2021 sur les réseaux sociaux. J’ai fait une séance d’essai et été immédiatement conquise par le concept. C’est simple. Cette start-up française a créé l’unique exosquelette auto équilibré qui ne nécessite pas de béquilles pour avancer. Et depuis je marche avec le robot chaque semaine, et cela me permet de me renforcer et de stimuler l’organisme en position debout.
Au-delà des séances de rééducation, nous avons créé un lien très fort et j’ai même participé à leur campagne de communication. J’ai fait également des démonstrations pour des investisseurs et des centres de rééducation ainsi que des reportages pour des journalistes.Vous l’aurez compris, je suis une grande fan et je conseille à Tout Le Monde de le tester au moins une fois !
8/ Tu as un discours très moderne sur Instagram et LinkedIn. Quelles sont les réactions de ta communauté ?
J’utilise mes réseaux sociaux pour communiquer de façon simple, afin de démocratiser le sujet du handicap en l’abordant avec humour et simplicité.
Mon but étant de participer à changer le regard sur le handicap, en déconstruisant les préjugés et en levant les tabous.
Ma communauté accueille mes messages avec beaucoup de bienveillance et d’attention. C’est toujours gratifiant de voir que du contenu plaît et que les abonnés nous remercient lorsqu’ils ont appris quelque chose ou qu’ils se sentent concernés.
La féminité, selon Virginie !
1/ Comment as-tu réussi à te réapproprier ta féminité avec ton handicap ?
Ça a commencé en centre de rééducation, car je suis restée plus de deux ans à l’hôpital à la suite de mon accident. J’étais très souvent avec des patients hommes et ça a été la première fois que j’ai rejeté mon pouvoir de séduction. Et j’ai eu l’agréable surprise de me rendre compte qu’il était encore bien là.:) Se sentir jolie et désirée aide à se réapproprier sa féminité.
Il est vrai que le fauteuil n’est pas très glamour, mais malgré tout, j’ai continué à m’habiller comme je le faisais avant.
L’avantage de l’accident, c’est qu’il m’a permis de perdre beaucoup de poids, environ 12 kg, surtout du muscle même si je n’étais pas en surpoids auparavant. Paradoxalement, je me suis rapidement sentie bien physiquement et ai voulu me mettre en valeur en portant des vêtements ajustés.
2/Comment abordes-tu tes rencontres amoureuses maintenant ?
Pour être honnête, le sujet des rencontres amoureuses n’est pas vraiment d’actualité pour moi. Mon manque d’autonomie, me fait sentir une sorte d’illégitimité à pouvoir être en couple.
3/ Quelle image as-tu de toi en tant que woman handi ?
J’ai toujours été dure avec moi physiquement et le fait d’être en fauteuil n’a rien arrangé. Je n’ai pas souvent été à l’aise avec mon image, et je crois que le temps aide à s’accepter. Mais je me sens tout de même fière d’être aussi active et dynamique au quotidien !
4/ Dans les centres de rééducation, les sujets de la féminité, de la sexualité pour apprendre à vivre avec le handicap sont-ils assez abordés ?
Pour avoir fait plusieurs centres de rééducation, il est vrai que ce sujet n’est pas souvent abordé. De mon côté, je ne l’ai que très peu entendu. Peut-être est-il plus abordé chez les hommes ?
En revanche, avec l’association « Comme les Autres » , j’ai participé au projet femme qui a pour but d’aider à développer sa féminité et l’estime de soi en partenariat avec la maison Chanel. Une sexologue est également intervenue.
5/ A ton avis, que faudrait-il faire pour que le sujet de la vie intime et sexuelle des women handi rentre enfin dans les mœurs ?
La vie intime et sexuelle est déjà un tabou, et ça l’est encore plus quand ça touche au handicap. La clé est de sensibiliser le plus possible, afin de lever ce tabou.
6/ Souhaites-tu un jour devenir maman ?
J’aimerais beaucoup devenir maman. En revanche, je me suis faite à l’idée que je n’aurai pas d’enfants, car il s’agit d’une charge beaucoup trop lourde. Je n’arrive déjà pas à m’occuper de moi, alors je ne vois pas comment m’occuper d’un enfant…
7/ As-tu réussi à trouver un bon gynéco/sage-femme s’adaptant à ton handicap ?
Oui, j’ai trouvé une prise en charge gyneco à l’Institut Montsouris à Paris. Ils sont spécialisés dans la prise en charge de femmes en situation de handicap et plus spécifiquement en fauteuil roulant.
Fashion
1/ Quelle est ta marque de luxe préférée ?
Je dirais Louis Vuitton, car c’est la plus complète, mais je suis aussi très fan de Chanel.
2/ Quel est ton style vestimentaire ?
Mon style vestimentaire est assez simple, je le qualifierais de chic et branché. Depuis que je suis en fauteuil, j’ai des douleurs aux pieds, je ne porte que des baskets. Je me sens également beaucoup plus vulnérable et par conséquent je ne porte plus de sacs, de montres et d’accessoires de luxe, de peur d’être agressée.
3/ Toi qui as travaillé des années dans le milieu du luxe, que penses-tu de la mode pour les femmes handi ?
Étant assise, les vêtements sont nettement moins bien mis en valeur et de nombreuses choses sont gênantes : le pantalon est toujours trop court, trop serré au niveau de la taille, et toujours trop bas en bas du dos. Pendant trois ans, je n’ai porté que des jupes et des bas pour faciliter le sondage. Mais maintenant je peux porter ce que je souhaite. Mis à part les vestes que je n’arrive plus à enfiler, je ne porte donc que des hauts, des pulls et un poncho pour me couvrir.
Pour les raisons que j’étais précédemment, j’avoue que j’éprouve moins de plaisir à faire les boutiques et à m’acheter de jolis vêtements.
4/ Nous avons entendu dire que tu souhaiterais t’associer à une marque de vêtements pour rendre les vêtements plus accessibles aux femmes et hommes handi. Peux-tu nous en dire davantage ?
Certaines marques ont développé une ligne facile à enfiler pour les personnes à mobilité réduite, notamment Jules. En revanche, chez les femmes cela n’existe pas et dans le cadre du renouveau de la marque Camaïeu, j’adorerais créer une ligne Adaptée pour les femmes à mobilité réduite.
Mais il est très dur d’avoir des réponses… je ne désespère pas ! 🙂
5/ A ton avis, pourquoi dans des pays tels que l’Angleterre, les USA, l’Australie… les mannequins handi commencent à défiler sur des grands podiums comme pour la Fashion Week, mais en France c’est inexistant ?
Dans le milieu du handicap, et notamment au niveau de l’accessibilité, la France a énormément de retard. Je ne suis donc pas étonnée qu’elle en ait également au niveau des défilés de mode.
Lors du dernier défilé L’Oréal, de nombreux profils inclusifs ont défilé et notamment une sportive en situation de handicap, mais marchante. La route est encore longue, mais on avance !
Je vais d’ailleurs défiler demain, samedi 27 janvier, pour la Fashion Week couture de Paris !
6/ Si tu avais un souhait à faire dans le milieu de la mode lequel serait-il ?
Mon plus grand souhait serait que la mode soit plus inclusive à plusieurs niveaux : dans la publicité, dans les collections de vêtements, en co-créant avec des personnes en situation de handicap, ainsi que dans les défilés.
7/ Comme on le sait toutes, trouver une bonne axillaire de vie sachant coiffer ou maquiller, peut s’avérer compliqué, rencontres-tu ce genre de difficultés ?
Je confirme ! il est déjà très difficile d’avoir des auxiliaires de vie, intervenant de façon régulière alors trouver quelqu’un qui sache bien coiffer, c’est une autre paire de manches ! Mon bras droit n’est pas fonctionnel, donc je n’arrive pas à me coiffer seule. Je demande seulement à l’auxiliaire de me démêler les cheveux tous les jours. Je m’agace facilement quand je lui demande une queue de cheval ou autre, et qu’elle ne comprend pas ou qu’elle ne fait pas comme j’aimerais qu’elle le fasse … Concernant le maquillage, j’arrive à me maquiller de façon autonome avec ma main gauche.
Pour finir cette interview, as-tu quelque chose à dire aux lectrices de ParisienneJolly ?
J’aimerais leur dire que toutes les femmes handi peuvent avoir une vie épanouie, être féminines et mener de nombreux projets. Le handicap et le fauteuil ne sont pas une fatalité !
Un grand merci à Virginie de nous avoir parlé d’un bout de sa vie, de féminité et de mode !
À travers cette interview elle nous prouve par A + B que le handicap est loin d’être la fin du monde, bien au contraire, Virginie nous envoie une bonne dose de good vibes !
N’hésitez pas à suivre les aventures de cette brunette à roulettes sur ses réseaux sociaux
Les filles, prenez soin de vous et n’hésitez pas à réaliser vos projets, même les plus crazy !!!
Article écrit par Sandrine Ciron