Hello les filles,
Et si nous parlions un peu de sports extrêmes ?
Dépasser ses limites lorsque nous sommes des women en situation de handicap, est-ce possible ?
Les personnes ont tendance à penser qu’avec un handicap, on est dans l’obligation de rester tranquille et qu’on n’est pas apte à dépasser nos limites ! Ces idées reçues sont fausses bien évidemment, il y a de nombreuses femmes qui pratiquent des sports extrêmes et participent même à des compétitions, sentir cette adrénaline monter, se dépasser malgré notre petite particularité en plus, vivre ses sensations est juste hallu… attendez la suite… cinant !!!
ParisienneJolly va vous donner trois exemples de sports plutôt extrêmes que les femmes Handi peuvent pratiquer.
Le ski adapté
Il existe plusieurs sortes de skis adaptés pour permettre de s’éclater sur les pistes de ski, des plus simples au plus pentus. Nous avons le monoski qui a été conçu pour les skieurs ayant une bonne force du haut du corps. Le bi-ski se pratique avec un moniteur à l’arrière, pour nous aider à guider le fauteuil. C’est un vrai travail d’équipe, car vous pouvez également tourner à droite ou à gauche en vous penchant !
Le fauteuil ski basique est pratique pour des femmes et hommes n’ayant pas assez de force pour utiliser les deux autres.
Dans les trois cas, on a des sensations de malade que ce soit sur une piste bleue ou la fameuse piste noire.
La plongée sous-marine !
La plongée sous-marine est un sport adapté qui commence à être connu pour les personnes en situation de handicap, car la liberté de mouvement sous l’eau est juste magnifique (si on n’a pas la phobie de l’eau bien évidemment lol). La plongée dans le milieu aquatique permet de se déconnecter complètement de la vie sur terre !
Le parachutisme
Le parachutisme est aussi un sport où on se prend une sacrée dose d’adrénaline. Imaginez deux secondes, une chute libre à 190 km/h, est une autre de ces choses que tous les aventuriers ont envie de vivre au moins une fois dans sa vie. Le saut peut s’effectuer en tandem lorsque est des petites nanas handi !
Nous allons en profiter pour faire une transition afin d’accueillir sur notre média, Aurélie, directrice de la filière de l’association Bleu Cohésion (association sportive pour tous) mais pas que…. Elle est également secrétaire adjointe pour l’association Handi Raid Solidaire.
Aurélie va participer au Raid dans l’équipe féminine, une 1ère mondiale où un convoi solidaire avec pilotes et copilotes en situation de handicap. Une aventure exceptionnelle de 8 000 km à travers 14 pays, pour sensibiliser le grand public au monde du handicap à travers le sport, la culture et l’écologie.
À travers notre interview, vous allez découvrir une sacrée nana qui n’a pas froid aux yeux !
La première femme handi à sauter en parachute !
1/ Peux-tu nous en dire davantage sur l’Handifly Race ?
C’est un parcours, pour personnes handicapées, à effectuer dans la soufflerie/simulateur de chute libre contre le chrono.
Nous devons toucher des cibles sur les parois à différents niveaux. En effectuant des 360•.
Ce parcours a été imaginé par la Fédération Française de Parachutisme.
Et aider par le programme européen Erasmus +
2/ Tu as participé à une compétition d’Handifly, raconte-nous un peu cette magnifique aventure ?
La 1ere compétition mondiale a eu lieu en 2022 à la soufflerie iFLY d’Aix/Marseille.
C’était tout simplement incroyable.
Il y avait plusieurs compétiteurs de pays étrangers, tous handicapés. Se rassembler autour d’une passion commune ça crée une certaine euphorie. On commence par un jour d’entraînement pour s’adapter à l’aire de la soufflerie (chaque soufflerie est différente) puis deux jours de compétition. Trois tours minimum chacun, sur 80 personnes.
3/ Tu es également sportive dans la discipline du parachutisme, peux-tu nous en dire davantage ?
Je suis parachutiste passionnée. On dit, dans le parachutisme, qu’on comprend pourquoi les oiseaux sifflent. Ne plus avoir le poids de son corps en chute libre est une véritable thérapie.
Nous nous déplaçons aussi bien qu’une personne valide.
C’est une expérience pour trouver son calme intérieur. Donc je souhaite à tout le monde, de découvrir cette sensation au moins une fois dans sa vie. Au moindre petit mouvement, on se déplace. Plus on s’énerve et moins ça fonctionne.
4/ Pourquoi ce sport et pas un autre ?
Depuis toujours les sports aériens m’interpellent. Je rêvais, adolescente, de sauter à l’élastique. C’est chose faite !
Je pense que la génétique y est aussi pour quelque chose. Mon père et mon frère son alaise pour marcher sur un toit.
5/ Tu es la première femme à avoir sauté seule, tu dois être très fière de toi ?
Bien sûr que je suis contente de dire oui, c’est possible ! Je serais plus heureuse encore quand d’autres suivront. Merci à Cyril Moré, paraplégique. (Ex-athlète en escrime et ski assis) de m’avoir succédé en 2023. Il est le cinquième paraplégique mondial à sauter seul d’avion. Ce n’est pas rien !
6/ Comment te sens-tu quand tu sautes de l’avion ?
Certaines personnes ont peur du vide. Moi aussi ! Je suis crédible ?! C’est une excitation de se préparer, de monter dans l’avion. On est tellement attiré par la beauté du paysage. On oublie tous. La porte s’ouvre. Pour moi, je suis prête à sauter tout de suite, mais nous sautons chacun notre tour pour des questions de sécurité.
7/ Quelle a été ta plus grosse frayeur pendant un de tes sauts ?
Ma plus grosse frayeur. Dois-je vraiment la raconter ?
Pour valider son autonomie, nous devons prouver notre autonomie. Pour moi, c’était mes 17 sauts contre 7 en temps normal. (problème technique).
Je ne peux pas courir donc j’atterris sur les fesses, donc la taille de ma voile est plus grande pour être plus souple à l’atterrissage. Le souci, c’est que le harnais est plus grand et j’avais un peu de jeu, ce qui entraînait des ballotages du sac ce qui fait qu’en chute, je fais des rotations à 360•. Je n’arrivais plus à freiner pour arrêter ces rotations. J’ai ouvert le parachute en rotation et donc j’ai été expulsé hors zone de parachutisme, avec des routes sous les pieds, des champs à sol non-plat et des cultures qui peuvent faire mal.
Malgré cette frayeur, j’y retournerai !
Le harcèlement à cause d’une couleur de cheveux !
1/ Tu as été victime de harcèlement scolaire, car tu es rousse, peux-tu nous expliquer s’il te plaît ?
J’ai été harcelé au collège par un groupe de garçons pour la couleur de mes cheveux « roux » (c’est un roux foncé, techniquement je suis châtain clair avec des reflets cuivrés doré). Les garçons m’insultaient en permanence.
Les rousses ça pue. Sorcière !
Il me donnait des coups de pieds. Un jour, le groupe de garçons voulaient jeter un garçon, qu’ils avaient pris dans leurs bras, sur moi.
Par peur, j’ai donné un coup-de-poing au garçon porté.
J’avais honte et j’avais peur d’en parler. Encore maintenant, avec 20 ans de recule, y penser me fait pleurer.
2/ Comment as-tu réussi à t’en sortir ?
Une de mes amis, que je côtoie toujours était harcelée pour sa culotte de cheval. Elle en avait parlé à sa mère qui s’est plainte.
Sans elle, je n’en serais pas sortie.
3/ Au niveau de l’Éducation Nationale, t’ont-ils aidé à te sortir de ce cauchemar ?
Le directeur de l’établissement avait convoqué les garçons et les avait punis. Je pense qu’ils ont compris leur erreur. Personne ne devrait être harcelé pour quelque différence que ce soit.
4/ Comment tes parents ont réussi à gérer cette situation ?
J’avais honte donc je l’ai toujours caché ce souci à mes parents. Avec les premiers signes du handicap qu’on ne connaissait pas, car je suis la première atteinte dans ma famille, même si le gène est marqué, ça me fessait beaucoup trop de choses sur le dos.
Chacun ses problèmes, mais parfois, c’est nécessaire.
Comme quoi le dialogue est primordial.
5/ Que penses-tu du discours politique face au harcèlement scolaire ?
L’éducation se fait dès le plus jeune âge. Sensibilisons davantage en classe, que ce soit pour le handicap ou autre. Les choses avancent doucement, mais sûrement !
Ne jamais rien lâcher !
1/ Tu nous as confié que certaines personnes se moquaient de ton handicap, peux-tu nous en dire davantage ?
Les gens se moquent facilement des autres quand nous ne sommes pas dans les normes de la société. Le handicap fait peur, ma marche fait penser à quelqu’un de bourré (Parait-il ?). On m’a déjà dit après une séance de sport localisée aux jambes, « tu picoles dès le matin ». Ou même encore, une femme à vélo qui m’a engueulé par ce que je me suis déportée (sans le vouloir). Le pire pour moi a été d’avoir été contrôlé par la police. J’ai eu peur et ils ne se sont pas sentis fiers quand je leur ai montré ma carte d’invalidité.
2/ Malgré les épreuves que tu as rencontrées, tu t’es relevée, comment as-tu réussi ?
Dans ma vie, j’ai été victime de plusieurs choses que n’ai pas évoqué. Comme si j’avais le pied coincé dans une roue de malchance. Depuis que j’ai dit stop, je suis célibataire sans enfant, je ne cherche pas, mais j’aimerais être en couple. Mon ex, m’a largué, enceinte avec une maison achetée en commun. Depuis, je me suis cherchée en voulant donner un sens à ma vie.
3/ Si on te dit « Nous sommes seuls maîtres de notre destin ! » , qu’as-tu envie de rajouter ?
Oui, nous sommes seuls maîtres de notre destin. J’adore cette citation. « Si tu tends la main à quelqu’un dans la boue et que celui-ci refuse de saisir la main tendue, tu ne peux rien y faire, évite aussi que cette personne te fasse tomber toi aussi dans la boue ».
Je me suis fait tatouer une phrase sur l’avant-bras droit qui dit « Be the change you want to see in the world » (Être le changement que tu veux voir dans le monde), une citation du Mahatma Gandhi.
Le bonheur peut être ailleurs que dans le rôle de mère par exemple, il suffit de voir les choses différemment.
4/ Qu’as-tu envie de dire à une femme qui rencontre une épreuve éprouvante dans sa vie ?
Je dirais que ce n’est pas facile, le temps ne te fera pas oublier, mais tu es là. Relève-toi et vis, ça ne sert à rien de se mettre des bâtons dans les roues, surtout si tu es en fauteuil roulant. Pour avancer, c’est compliqué !
Pour finir cette interview, as-tu quelque chose à dire aux lectrices de ParisienneJolly ?
Je dirais Girl power !
Vivons sans se prendre la tête et ayons surtout la force de nous dire que nous sommes des humains. Une petite miette dans cet univers. L’union fait la force ! Mon pseudo est O’Really (vraiment petite). En référence à Stéphane Hawking.
Peux-tu nous donner ton avis à propos du média digital ParisienneJolly ?
Je ne connaissais pas. Mais c’est riche est complet, merci d’avoir créé ce support. Le handicap n’est pas livré avec un mode d’emploi.
Je pense vraiment que c’est bénéfique, pour toutes les personnes handicapées ou non. Ici ou là !
Un grand merci à Aurélie de s’être confiée au média ParisienneJolly. Les sports extrêmes peuvent être accessibles aux femmes handi !
Alors les filles, surtout, n’hésitez pas à dépasser vos limites en vous sentant vivantes !
Prenez soin de vous !
Instagram d’Aurélie
Article écrit par Sandrine Ciron