Hello les filles,
ParisienneJolly va se pencher sur la monoparentalité & handicap un véritable sujet d’intérêt public et pour autant extrêmement peu aborder encore une fois dans notre chère société ! Par curiosité, sur un célèbre moteur de recherche, nous avons inscrit : « monoparentalité, femme handicapée… ». Nous pouvons se rendre compte qu’il y a peu d’articles sur cette situation touchant de nombreuses femmes en situation.
En 2023, les familles monoparentales n’ont jamais été aussi nombreuses. Elles représentent plus d’un quart des parents qui élèvent seuls leurs enfants selon une enquête de l’INSEE.
Les personnes les plus touchées sont les mères, avec une double contrainte, leur vie professionnelle et familiale, qui pour certaines est synonyme d’un véritable parcours du combattant ! Un quotidien souvent des plus intense entre le respect des horaires de travail, les transports, l’ouverture et la sortie de l’école, le suivi des devoirs et la gestion logistique de toute la petite famille… Un sacré boulot !
Sans parler des complications financières dans un pays qui augmente les factures de plus en plus depuis plusieurs années ! Sans oublier, ces femmes faisant face, depuis de longues années, à des procédures juridiques pour mettre à l’abri leurs enfants face à leur ex-mari…
Les femmes en situation de handicap sont également touchées par la monoparentalité, en rajoutant les difficultés physiques du quotidien !
Sur le site Mon Parcours Handicap, nous pouvons voir des aides sont mises en place pour les parents et futurs parents en situation de handicap !
Voici un récapitulatif des choses établies pour venir en aide aux parents si cela vous intéresse.
- Vous pouvez être orienté en vous appuyant sur le centre ressource INTIMAGIR de votre région, ou sur le service d’accompagnement à la parentalité de personnes en situation de handicap (SAPPH).
- Les assistants sociaux, ou les conseillers conjugaux et familiaux peuvent vous accompagner.
- Vous pouvez obtenir un suivi médical et paramédical en sollicitant différents professionnels.
- Des psychologues peuvent aussi accompagner les parents et futurs parents en situation de handicap.
- Si vous avez besoin de soutien et de partager vos expériences, vous pouvez rejoindre un réseau de parents en situation de handicap.
Vous pouvez retrouver tous les renseignements nécessaires sur Mon Parcours Handicap
Cependant encore très peu de services prennent en compte les besoins des mères handi solo. C’est pour cette raison que le média ParisienneJolly est convaincu qu’il faudrait mettre en place des structures pour venir en aide à ces women, afin qu’elles puissent alléger la pression dans leur quotidien et face aux problèmes !
Sans transition, nous allons continuer cet article en compagnie de Gabrielle, présidente de l’association Labo indigo, mais pas que…
Cette femme au caractère bien trempé est maman solo d’une adolescente, elle va partager avec nous un bout de son quotidien !
Madame, vous êtes enceinte !
1/ As-tu toujours voulu avoir des enfants ?
Non… En-tout-cas, pas à ce moment-là… Lui, il en voulait…*
2/ Comment as-tu vécu ta grossesse avec ta petite particularité en plus ?
J’avais beaucoup de stress, de pression, d’interrogation… Le plus dur, ça a été de se sentir seule, c’était une période où j’étais isolée sur tous les plans…
3/ Au niveau du suivi gynécologique, le corps médical s’est-il bien adapté à ton handicap ?
J’ai eu la chance d’avoir un gynécologue très à l’écoute et sans jugement, malheureusement, je n’osais pas discuter avec lui de certains sujets à ce moment-là…
Cependant, c’est vrai que le matériel n’était pas forcément adapté à mon handicap, mais mon gynécologue s’adaptait à la situation…
4/ Quels sont tes plus beaux et moins beaux souvenirs durant ta grossesse ?
La première fois que j’ai entendu le cœur de mon bébé battre, j’ai pleuré, j’avais la trouille, je n’étais pas prête… Puis, j’ai tenu à assumer ce bébé.
Le plus beau moment, c’est notre rencontre, ce jour-là, je lui ai promis que je serai là jusqu’au bout pour elle.
Le pire souvenir, ce sont les vomissements du début jusqu’à la veille de ma césarienne et cette tristesse en moi et dans mon couple, c’était loin d’être rose…
5/ Quelle était ta plus grande envie au niveau alimentaire ?
Les frites, les sushis, sandwich au thon crudités… Ma fille adore ça depuis…
6/ Pendant ta grossesse, as-tu trouvé des astuces pour faciliter ton quotidien avec le handicap ?
Pendant la grossesse, non ! Rien… Et je n’en avais pas besoin !
Une mam’s solo comme les autres !
1/ Ça n’est pas trop dur d’être une mère solo ?
Non, j’ai mis fin à cette histoire parce qu’elle menaçait ma santé mentale et ma santé physique…Donc en ça, je ne regrette rien de ce choix ! Mais effectivement, oui, c’est dur, parce que j’ai la garde alternée de ma fille, avec une personnalité écrasante.
2/ Qu’est-ce qu’une journée type d’une mam’s handi solo ?
Je ne pense pas que ma journée type soit différente d’une autre mère solo… On se lève tôt, on déjeune ensemble et elle part au collège. Dans mon cas, je dois veiller à honorer le suivi médical qui la concerne, puisque le handicap la concerne également, je vérifie qu’elle ait toutes ses affaires, qu’elle soit propre… De mon côté, je suis engagée dans le milieu associatif et mes activités sportives, créatives, donc j’essaye d’alterner plusieurs casquettes. Bref une journée comme tout le monde !
3/ L’adolescence est une période spéciale, ce n’est pas trop compliqué à gérer ?
Pour le moment, ma fille et moi, on peut encore se parler et on est très complices… Elle a son caractère certes, mais on se soutient mutuellement.
4/ Qu’as-tu envie de dire aux women handi devenant mère célibataire ?
L’important, c’est d’avoir un entourage solide, handicap ou pas.
5/ Lorsque ta fille était petite, avais-tu des adaptations pour t’aider dans ton quotidien ?
Alors en vrac : table à langer murale, que j’avais trouvé sur internet et qu’on a fixé sur le mur à hauteur du fauteuil, l’écharpe de portage, bandeau de portage reçu par la maternité (l’idéal pour moi), un rehausseur pour bébé qu’on fixe à une chaise, une baignoire pour bébé que je posais sur le lit co dodo qui pouvait se régler à hauteur du fauteuil…
6/ Si tu devais avoir de nouveau un enfant, ferais-tu les choses différemment ?
J’ai une philosophie : si on doit vivre le pire, c’est pour s’autoriser le meilleur et comprendre ce qui doit changer et s’améliorer. Donc, non je ne changerai rien… J’espèrerai juste avoir un partenaire bienveillant et fiable.
7/ As-tu rencontré des difficultés administratives par rapport à ta situation ?
Oui, ça fait cinq ans que la CAF refuse de considérer ma fille en garde alternée chez moi, malgré l’envoi multiple de jugement du Juge des Affaires Familiales. Ils ne veulent pas non plus comprendre qu’un accord avec l’ex conjoint est impossible surtout quand ce n’est pas dans son intérêt. Par exemple, le fait que je n’ai aucune aide possible en tant que mère assumant les dépenses pour mon enfant. Ça fait partie des difficultés administratives que je rencontre malgré les assistantes sociales.
Il faudrait que la CAF nationale revoie ses procédures, en matière de séparation conflictuelle.
Et si on faisait évoluer les choses ensemble ?
1/ Pourquoi la maternité liée au handicap est assez taboue en France ?
Je suis persuadée que tout part de la représentation médiatique de la personne handicapée, surtout de la femme. Depuis toujours, la femme est affichée comme ayant des formes devant attiré le regard des hommes, devenant un atout marketing qu’importe le domaine. Elle est parfaite, sexuelle et sensuelle.
Une femme handicapée physique a un corps « médicalisé », donc elle n’est pas considérée « attirante » au même niveau que les femmes sans handicap visible. On la pense asexuelle et difforme…
On ne conçoit pas qu’une femme handicapée puisse plaire aux hommes et séduire quelqu’un, sans qu’il y ait forcément une histoire de dépendance.
Les gens ne nous voient pas comme une partenaire sérieuse potentielle par rapport aux autres femmes, mais on nous imagine comme quelque chose d’interdit, un fantasme fétichiste ou le sauvetage d’un bon samaritain. Cela peut expliquer pourquoi c’est tellement ahurissant de parler de sexe, d’amour et handicap dans la même phrase pour certains et pourquoi le système est complètement largué quand la violence sous toutes ses formes s’en mêle, quand la victime ou l’agresseur est en situation de handicap.
Concernant la maternité, on en parle, mais toujours dans un cadre événementiel où le « handicap » est mis en avant…
Au niveau associatif, il existe en France l’association Handiparentalité, présidée par Florence Mejecase, basée en Gironde, où les jeunes parents ou futurs parents porteurs d’un handicap peuvent trouver une oreille attentive et des pistes aux niveaux matériels adaptés et éventuellement une prise en charge MDPH au niveau de la PCH…
2/ Quand tu es tombée enceinte, quelle a été la réaction de ton entourage ?
J’ai des amis handicapés qui m’ont dit que je faisais une connerie, ma famille n’a rien dit (n’ayant plus de contact à ce moment-là), j’ai eu le droit à un commentaire du genre « je ne comprends pas qu’on ait pu lui permettre d’avoir un enfant, la pilule ça existe pourtant ! », par une stagiaire à la maternité.
3/ Qu’as-tu envie de dire aux professionnels de santé croyant que nous ne pourrions jamais être mère avec un handicap ?
Je pense qu’il faut comprendre leur position : biologiquement, on peut toutes être mère, sauf exception… Seulement, être mère ce n’est pas juste « je donne la vie », c’est une capacité physique, être autonome, c’est rassurant pour les professionnels de santé. C’est également une question de maturité, de moyens (matériels, d’entourage et financiers) et de choix et possibilité personnels. On peut très bien être une femme et ne pas vouloir/pouvoir porter un enfant. Donc la réaction des professionnels est une réaction d’inquiétudes sur notre capacité à être parent, car de base, une personne handicapée est considérée par l’opinion publique comme une personne vulnérable et dépendante, une victime, cette personne devient responsable d’un autre être vivant qui n’a rien demandé, et ce, pour toujours. C’est ça la raison réelle de nous croire incapables. Une fois que tu le comprends, tu peux argumenter en mettant en avant tes capacités, tes points forts, leur montrer que tu es consciente des responsabilités qui t’attendent.
4/ Quel serait le monde parfait pour une mère handi ?
Je crois que ce qui m’a le plus manqué, c’est l’absence d’accessibilité des terrains de jeux ou activités pour enfants. Je n’ai jamais pu accompagner ma fille à une sortie scolaire, par exemple. J’aimerais qu’être mère même en fauteuil ne suscite pas plus de débat auprès de personnes qui n’ont rien à dire, qu’on entende notre choix avec accompagnement et sans jugement infondé.
5/ As-tu envie de dire une chose spécifique sur le sujet de la maternité & handicap ?
Choisissez bien votre gynécologue et votre clinique, et n’ayez pas peur d’être inventive en matière d’adaptation du matériel.
Pour finir cette interview, as-tu quelque chose à dire aux lectrices de ParisienneJolly ?
On est des femmes comme les autres, avec nos particularités. Alors ne nous contentons pas de relations qui nous maltraitent physiquement, psychologiquement parce que c’est plus compliqué de séduire et de trouver un homme qui est capable de voir au-delà de l’apparence dans notre situation. Hé oui, on doit prouver notre place de femme dans cette société, notre capacité à garder un homme sans qu’il ne se croie en prison ou dans l’obligation de nous assumer, notre capacité à être une mère, et je crois que chacune d’entre nous est légitime à briller, on brille juste différemment des autres…
La monoparentalité et le handicap sont des sujets à prendre au sérieux, car nous pouvons toutes un jour être une maman solo ! Un grand merci à Gabrielle qui nous montre que même avec un handicap, nous pouvons être une mère aimante !
À toutes les mères handi solo vous avez notre respect total, car cela n’est pas facile tous les jours !
Prenez soin de vous les filles !
Article écrit par Sandrine Ciron