Wheeled World, le média de l’aventure pour tous !
Hello les filles,
En cette fin d’année 2023, le média digital ParisienneJolly à une de ses envies de s’évader et de prendre une bonne bouffée d’air pur ! On vous emmène avec nous !Vous êtes des accros de voyage, le handicap et les road trip ne vous font pas peur, votre rêve est de parcourir le monde avec votre moitié… Alors cet article va sûrement vous intéresser …
Canada, États-Unis, Bolivie, Argentine, Brésil, Chili, Pérou, Cambodge Allemagne, Autriche, Espagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Australie, Nouvelle-Zélande.
À votre avis, quel est le point commun de ces 16 pays ?
C’est bien évidemment « Wheeled World », Myriam et Pierre forment un couple, pour qui le handicap n’est pas une raison d’arrêter de parcourir le monde.
Comme ils le disent si bien :
« Pour nous partir à l’aventure, c’est se reconnecter. Avec soi-même. Avec ce qui nous entoure. Plongés dans des paysages inconnus, à l’autre bout du monde ou près de chez soi, les pieds (ou les roues) ancrés dans le sol, on se laisse submerger par cette émotion unique. On vibre, on vit. »
Sur le média digital ParisienneJolly, on adore et vous ?
Nous allons nous connecter, le temps d’un article, à leur vie de globe-trotter !
Myriam et Pierre sont en couple depuis 2015. Au commencement de leur belle relation, ils ont affronté main dans la main l’accident de Pierre. D’autres couples auraient volé en éclat, mais pas eux, bien au contraire et leur amour en est ressorti plus fort, plus solide, plus intense, plus fusionnel et quelques temps après, Wheeled World, un livre, des rencontres uniques à travers de nombreux pays sont nées !
A travers l’interview qui va suivre Myriam et Pierre vont se confier en toute simplicité et montrer que le handicap est loin d’être un obstacle dans leur vie !
Myriam & Pierre
1/ Comment êtes-vous rencontré ?
On s’est rencontrés au mariage d’un ami commun, en juin 2015. On a fait la même école pendant 5 ans sans jamais se croiser, et ce soir-là on s’est retrouvés assis à côté…
2/ Pierre, tu es devenu paraplégique à la suite de la tragique soirée du 13 novembre 2015 au Bataclan. Tu as réussi à te reconstruire ! Comment as-tu réussi à retrouver cette niaque ?
On a pris les choses au jour le jour. On se projetait sur la suite bien sûr, la sortie de l’hôpital. Mais toujours en se disant « on verra bien, on se débrouillera avec les trucs qu’on aura appris d’ici là ». Étape par étape. Et à chaque fois qu’on a rencontré un obstacle, on a essayé de regarder les solutions qu’on avait ou qu’on pouvait créer plutôt que de se focaliser sur ce que ça nous empêchait de faire.
Les équipes soignantes ont été top, super à l’écoute et ça a fait beaucoup. On avait besoin de ce cocon protecteur à ce moment-là, ça nous permettait d’être dans notre bulle et de se remettre, émotionnellement. Et nos proches, surtout. Nos familles et nos potes étaient toujours là, à l’hôpital, au centre de rééducation. On a été super entouré, et ça a tout changé. Pas de compassion dans leurs regards, pas d’angoisse. Juste une présence, beaucoup de rires et de soutiens.
3/ Myriam, comment as-tu vécue cette période ?
Je suis rentrée dans un tunnel, en vivant au jour le jour. Il y a eu beaucoup de logistique à gérer. J’allais au boulot tous les jours, puis à l’hôpital tous les soirs pour être avec Pierre. Ensuite il a fallu gérer nos deux déménagements, à distance pour celui de Pierre qui n’était pas accessible. Ça a été une période très chargée, émotionnellement et physiquement, mais je gardais en tête que ça finirait par aller mieux quand Pierre serait sorti de centre de rééducation… Et c’est ce qui s’est passé.
4/ Vous avez écrit un livre « Un éclat dans le noir », pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
C’est un livre qui nous tenait vraiment à cœur, parce qu’il raconte notre histoire à deux voix. Et qu’il repart du début, il donne une perspective sur les aventures qu’on vit aujourd’hui. On y parle des attentats, de la reconstruction, puis de nos voyages. Chaque chapitre est raconté par Myriam ou par Pierre, on a vraiment le ressenti de chacun sur les différentes étapes : c’était important pour nous de pouvoir raconter cette histoire dans son ensemble pour tourner définitivement la page et finir de passer à autre chose.
Un couple globe-trotteur
1/ D’où est venue cette passion pour les voyages ?
On a toujours aimé voyager, chacun de notre côté. Avec une vraie passion pour les aventures en pleine nature, les grands espaces, les rencontres… Le fait de voyager en fauteuil a décuplé cette passion. C’était une nouvelle approche, de nouveaux défis, mais on a eu tellement peur de ne plus pouvoir vivre ces émotions qu’on les vit beaucoup plus intensément aujourd’hui.
2/ De tous les pays que vous avez visités, quel pays est le plus sensibilisé sur le handicap ?
C’est difficile à dire, il y a des approches très différentes en fonction des pays. On remarque par exemple que les pays anglo-saxons sont très en avance en termes d’accessibilité (les États-Unis et l’Australie notamment). Mais il y a aussi des pays où certains domaines sont très en avance et d’autres moins. On a par exemple passé trois semaines au Québec récemment : autant les villes ne sont vraiment pas évidentes (je pense à Montréal et Québec) pour des raisons architecturales notamment (tout est construit en hauteur pour la neige donc il y a très souvent des escaliers conséquents à l’entrée des bâtiments), autant on a pu profiter à fond d’activités outdoor super bien adaptées, ou de chemins de rando très accessibles dans des parcs naturels… Enfin on se rend compte que dans les pays où l’accessibilité est plus aléatoire, il y a souvent une vraie solidarité qui s’installe : les gens ne se posent pas la question, ils aident. Ça réduit l’autonomie, mais ça crée de très belles rencontres et des moments d’émotion intense. Ça a été le cas en Amérique du Sud ou au Cambodge, par exemple.
3/ Quel est votre top 3 de vos voyages ?
C’est super difficile à dire, parce qu’on a vécu des voyages très différents (et qu’on a eu la chance de découvrir des destinations incroyables). Disons qu’il y a plusieurs top 3…
Le Top 3 aventure : on a traversé la Nouvelle-Zélande en tandem, et on a adoré les paysages et le slow travel. On a fait l’ascension du Kilimandjaro : un défi incroyable et une aventure collective unique. Et plus récemment, on a participé au Half Marathon des Sables, dans le désert Marocain : on a adoré se lancer dans un défi où personne ne nous attendait et partir explorer LE terrain hostile par excellence, un désert rempli de sable. Là encore, beaucoup de solidarité et de belles rencontres.
Le Top 3 des paysages magiques : la Patagonie, entre montagnes enneigées, déserts et glaciers. L’île de Pâques, le voyage mystique par excellence sur une île où on se sent seul au monde, perdu au milieu de l’océan. Et l’Australie, ses plages paradisiaques, ses forêts primaires et son sable rouge.
Et enfin, le Top 3 près de chez nous : on a adoré voyager en France ces dernières années et découvrir la diversité de paysages et d’activités que notre pays a à offrir, des forêts des Alpes au littoral acéré de Bretagne en passant par le soleil de la Méditerranée… Super surprise sur l’Allemagne et ses villes pleines de charme (et bien accessibles) et le Tyrol autrichien, ses montagnes vertes et ses lacs turquoise.
4/ Vous êtes très présent par votre site, Insta, YouTube… pour notre plus grand plaisir ! Quel est le message que vous voulez faire circuler à travers vos reels, vidéos et photos ?
Le message est assez simple : on n’a pas tous les mêmes contraintes, donc pas toutes les mêmes possibilités. Mais si on a la bonne information, le bon équipement et les bons coéquipiers, on peut faire beaucoup : ça vaut le coup d’oser essayer pour vivre les émotions que l’aventure peut procurer, qu’elle soit près de chez nous ou à l’autre bout du monde.
5/ Myriam, il y a-t-il une différence à voyager avec son chéri handi ?
Ça demande plus de préparation et d’organisation, c’est sûr. Ne serait-ce que pour réserver les hébergements accessibles (mais c’est lui qui s’en occupe le plus souvent). Et il faut être plus adaptable, pour trouver des solutions ou changer de plan si un endroit n’est pas accessible, ou pour faire face à un imprévu.
6/ Myriam, que dirais-tu aux personnes « valides » croyant que les women and men sont des petites choses fragiles, devant leur TV ?
Je ne sais pas si j’aurais envie de leur dire grand-chose… Aujourd’hui, il y a 12,5 millions de personnes en situation de handicap en France. C’est 1 français sur 5. Si on est persuadé qu’un français sur cinq est une petite chose fragile à la vie triste, c’est soit qu’on n’est pas très curieux et qu’on ne regarde pas autour de soi, soit qu’on est enfermé dans ses idées reçues et qu’on n’a pas envie de voir.
Je conçois assez mal qu’on puisse encore avoir cette opinion des personnes handicapées aujourd’hui quand on voit la diversité des profils de ces personnes. Des aventuriers, des entrepreneurs, des parents, des sportifs… Juste des gens qui vivent normalement, en fait, et qui sont très heureux comme ça. Après si on prend un peu de recul, il faut bien admettre qu’il y a eu pendant très longtemps une invisibilisation du handicap dans la société : à cause du manque d’accessibilité qui ne rend pas les sorties faciles, d’une faible représentation dans les médias… Les réseaux sociaux jouent un rôle important pour rendre visibles ceux qui ne l’étaient pas, mais ce n’est pas suffisant : il y a encore du progrès à faire.
7/ Si des personnes veulent être partenaires de « Wheeled World », quelles sont les démarches à suivre ?
On a démarré Wheeled World comme une association en 2018. Mais depuis on a voulu continuer à développer le projet, et on a créé notre entreprise. On propose de la création de contenus (photos, vidéos, articles de blog) et des conférences. Si des entreprises / destinations sont intéressées pour valoriser leurs initiatives inclusives ou pour organiser un temps d’échange avec leurs collaborateurs, elles peuvent nous contacter sur Instagram ou par mail (wheeledworld@fraichtouch.com) pour qu’on réfléchisse ensemble à un projet qui a du sens.
8/ Quelles sont vos futures destinations ?
Ça fait très longtemps qu’on avait envie d’aller se confronter au grand froid, pour voir comment on vit en fauteuil quand il y a 1 mètre de neige (ou plus) dehors. Cet hiver, on réalise ce rêve et on part 10 jours en Norvège !
L’amour avec un grand A
1/ Myriam, tu es love de Pierre, les regards extérieurs dans notre pays t’agacent-ils ou tu n’en as rien à faire ?
C’est très variable, ça dépend surtout comment ils se traduisent. Parfois, c’est un regard triste ou gêné, mais qui reflète plutôt de l’empathie : je trouve que c’est dommage de partir du principe que c’est triste d’être en fauteuil… Mais ceux-là me font plutôt sourire, parce que je me dis que s’ils savaient tout ce qu’on fait, ils changeraient très vite d’opinion. Parfois, c’est une phrase maladroite lors d’un échange : dans ce cas ça peut être un peu irritant, mais je trouve qu’on gagne plutôt à faire de la pédagogie pour expliquer en quoi la phrase peut être blessante ou inappropriée.
Et puis il y a les intrusifs, ceux qui te mettent dans une case en étant persuadés de savoir mieux que toi ce que tu ressens. Ceux qui comparent, qui t’assènent des « je sais que c’est difficile votre situation, moi je ne pourrais pas », qui posent des questions super persos alors que tu ne les connais pas, qui te prennent de haut… Ou qui ne s’adressent qu’à moi alors que Pierre est juste devant eux. Ça, ça me rend dingue.
2/ Y a-t-il une différence avec une histoire d’amour avec un homme valide ?
Chacun sa conception de l’amour (et toutes les conceptions sont valables, on n’a juste pas tous la même approche) … Pour moi, il ne peut pas être conditionné au handicap. J’aime Pierre pour ce qu’il est. Quand je suis tombée amoureuse de lui il marchait, maintenant plus. Ça ne change rien à mes yeux, c’est toujours la même personne. Ensuite, tous les couples rencontrent des difficultés au quotidien, qu’il faut apprendre à gérer. C’est aussi vrai dans un couple handi-valide que dans tous les couples, même si les difficultés sont parfois différentes.
3/ Crois-tu que dans notre pays nous parlons assez des vies de couple, maternités, rencontres amoureuses …. Des personnes en situation de handicap ?
Je pense que c’est l’un des sujets les moins couverts quand on parle de handicap. Là encore, les réseaux sociaux commencent à changer la donne grâce à des comptes qui abordent ces sujets avec beaucoup de pédagogie et de conseils pratiques (je pense notamment à Floriane – @floriane.vnt – et Yann – @yann_favelas – en ce qui concerne l’handi-parentalité par exemple), mais ça reste encore marginal : pour beaucoup, ça relève de l’intime et je le comprends, donc il n’y a pas forcément beaucoup de gens qui sont prêts à se livrer.
4/ Quelle est la plus belle chose que Pierre ait fait pour toi par amour ?
Il s’est battu pour rester en vie le soir du 13 novembre…
5/ Si je te dis baby, quelle est ta première réaction ?
C’est un projet qu’on a à terme, mais pas dans l’immédiat. On a beaucoup d’autres belles aventures qu’on a envie de vivre tous les deux, avant. On sait déjà que le parcours sera médicalisé et qu’il ne sera pas forcément simple, on se lancera quand on sera prêts.
6/ Cela fait 5 ans que tu es mariée et 8 ans de vie de couple, quel est votre secret pour être autant unis ?
Je suis persuadée que ce qu’on a vécu nous a énormément rapprochés. On s’est vite rendu compte qu’on avait la même manière d’aborder les épreuves, et c’est un élément qui est capital pour moi dans la vie d’un couple : quand on a des coups durs, le fait d’être sur la même longueur d’ondes permet de les affronter plus sereinement. Ça ne veut pas dire qu’on est toujours d’accord ou que tout est toujours parfait dans notre relation, loin de là, mais l’adversité à laquelle on a été confronté très tôt (on ne se connaissait que depuis 5 mois quand Pierre a été blessé) a posé les bases d’une complicité très profonde. On a appris à beaucoup parler de nos craintes, de nos ressentis, et on a vécu des émotions très intenses ensemble. Je pense que ça a beaucoup joué, et aujourd’hui je nous vois vraiment comme une équipe : on vit ensemble, on bosse ensemble, et on se lance des défis fous… Ensemble.
7/ Que dirais-tu à une femme qui craint de se mettre en couple avec une personne handi ?
Je lui dirai de se poser les bonnes questions. Pour moi on se met en couple avec quelqu’un pour sa personnalité, pas pour ses capacités physiques. Si on aime suffisamment une personne, le handicap devient simplement un paramètre de la vie de couple, comme il y en a beaucoup d’autres. Il demande une adaptation significative dans la mesure où il impacte forcément le quotidien et les projets de vie. Mais la première question, c’est « qu’est-ce que je suis prête à faire pour partager ma vie avec la personne que j’aime ». Le plus simple pour y répondre, c’est d’en parler avant, et d’essayer. Quand on fait le choix de vivre ensemble, quelle que soit la personne avec qui on le fait, on s’adapte forcément un minimum : à ses habitudes, sa famille, ses petits défauts du quotidien… Et ça marche dans les deux sens. Pour le reste, les couples se forment et se séparent, c’est la vie : le handicap n’est qu’une donnée en plus, il ne définit pas la personne dans son intégralité, et donc pas une relation.
8 / Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
De continuer à vivre intensément.
Pour finir cette interview avez-vous quelque chose à dire aux lectrices de ParisienneJolly ?
La vie est belle, et elle mérite d’être vécue intensément. On a tous nos contraintes. Certaines sont immuables, on ne peut rien y faire : si on les accepte, on gagne du temps et de l’énergie pour faire changer celles qui peuvent l’être. Et c’est là que le champ des possibles s’ouvre.
Un grand merci à Myriam et Pierre d’avoir fait confiance au média digital ParisienneJolly, de s’être confiés sur un bout de leur vie. A travers cet article on voit bien que le handicap n’est pas un frein pour réaliser ses projets, ses rêves et qu’au final l’amour est plus fort que tout !
Cela nous tenait à cœur de finir l’année 2023 sur une touche de positivité et d’évasion.
Vous pouvez retrouver les projets de ce couple globe-trotter sur :
Les filles très bon réveillon et on se retrouve en 2024 avec encore plus d’articles, d’interviews et plein d’autres belles choses sur la féminité des women handi !
Prenez soin de vous !
Article écrit par : Sandrine Ciron
Je suis handi depuis 4 ans, vis en couple et 1 enfant de 11 ans, repris la plongée sous marine mon activitée sportive pour de nouvelles aventures et viens d être diplômé en coaching que je fais en bénévolat, découvert une nouvelle activité le qi gong…