Me too handicap !

 

Hello les filles,

 

Notre société commence à parler de plus en plus des maltraitances dont les femmes sont victimes. C’est très bien, car il est primordial que cette problématique soit mise en avant pour aider au maximum les victimes !

 

Néanmoins, chez ParisienneJolly, on se pose une question assez inquiétante…

Comment se fait-il que les médias, les personnalités publiques, les différents partis politiques… se mobilisent et communiquent (même s’il y a encore un long chemin pour les protéger) pour cette cause et qu’en parallèle nous faisons le triste constat que les violences physiques ou psychologiques dont de nombreuses femmes en situation de handicap sont victimes 365 jours dans une année, ne sont quasiment pas abordées et que les choses mises en place sont plus que légères ?

Nous avons relevé quelques chiffres inquiétants de la source Handiconnect mise à jour en avril 2023 :

  • En Europe, 4 femmes en situation de handicap sur 5 subissent des violences et/ou maltraitances de tous types.
  • 35 % des femmes en situation de handicap subissent des violences physiques ou sexuelles de la part de leur partenaire, contre 19 % des femmes dites valides.
  • Près de 90 % des femmes avec un trouble du spectre de l’autisme déclarent avoir subi des violences sexuelles, dont 47 % avant 14 ans.
  • 27 % des femmes sourdes ou malentendantes déclarent avoir subi des violences au cours de leur vie.
  • Peu d’études sur les violences faites aux hommes en situation de handicap.

Le média digital ParisienneJolly lance une alerte comme différents organismes défendant les droits des femmes en situation de handicap.

Des numéros spécifiques ont été mis en place pour les femmes handi ayant vécu des maltraitances. Elles peuvent appeler pour se confier et dénoncer les violences dont elles ont été victimes, mais nous pouvons également constater que l’on est très loin de choses mises en place concrètement pour les sortir de leur enfer !

Il y a toutefois un axe très positif, la « déconjugalisation » a été votée en juillet 2022, après de longs débats à l’Assemblée Nationale ainsi qu’au Sénat, et elle a été mise en place en octobre dernier, ce qui va permettre à certaines femmes de récupérer leur indépendance financière par le nouveau calcul de l’AAH.

Le média ParisienneJolly avait envie de parler de ce sujet avec une femme militante contre les violences faites aux femmes en situation de handicap ! Nous avons la chance que Madame Stéphanie Gateau ait accepté notre interview et à travers ses mots vous allez découvrir une business women mais surtout une femme qui se bat au quotidien pour faire entendre la voix des women handi !

 

 

 

 Stéphanie Gateau quelle femme !

 

 

1/ Peux-tu te présenter en quelques phrases ?

Je m’appelle Stéphanie Gateau, maman solo de 3 enfants dont le petit dernier est mon aidant au quotidien, 55 ans et accessoirement polyhandicapée ☺️

Atteinte de surdité et de problèmes moteurs, autiste asperger, je suis également très investie dans la lutte contre la discrimination et les violences faites aux femmes atteintes de handicap et je m’applique à promouvoir l’entrepreneuriat féminin.

2/ Quelle est ta profession ?

Je suis fondatrice et dirigeante d’un cabinet de conseil en stratégie à l’international, d’un incubateur export et également d’Handiroad, une start-up qui associe stratégies et nouvelles technologies : c’est une application qui aide les personnes à mobilité réduite à se déplacer en toute sécurité. J’ai été récompensé à plusieurs reprises par des Trophées liés à la diversité et l’inclusion.

3/ Comme de nombreuses femmes, hélas, tu as été victime de violences. Peux-tu nous raconter comment cela à commencer ?

La première fois, c’était il y a 10 ans avec le papa de mes 3 enfants . Au début je lui ai trouvé plein d’excuses et j’ai tout gardé pour moi, je n’osais pas en parler et je vivais ça comme un échec . La famille dont j’avais tant rêvé, s’écroulait… J’ai été victime d’autres actes de maltraitance, mais j’en parlerai dans un futur article sur le média ParisienneJolly.

4/ Pendant cette période compliquée, comment as-tu trouvé la force de tenir ?

Les enfants, forcément sont un moteur, car la question est de se dire : quelle leçon vais-je leur laisser si j’abandonne et que je baisse les bras?

Même si parfois et même souvent on a envie de lâcher, voire de disparaître tellement c’est dur je me suis interdit – toujours- de passer à l’acte afin de leur montrer que même du pire on peut se relever . Je leur dis toujours « on a le droit d’être à terre, mais le devoir et la responsabilité de se relever ».

5/ Comment as-tu trouver la force de dire STOP ?

Je n’ai pas eu à dire stop puisque le père de mes enfants m’a mis dehors.

6/ As-tu réussi à trouver une aide extérieure ? Si oui, laquelle ?

Quand c’est devenu invivable, j’en ai parlé à mon entourage, mais personne n’a pris cela au sérieux. Ils avaient l’impression que j’exagérais donc personne ne m’a aidé ni soutenu, un cauchemar.

Certains m’ont même dit, « le pauvre avec 3 enfants et une femme handicapée, c’est un peu normal qu’il ait pété un plomb !! » J’ai dû déposer une dizaine de plaintes au commissariat… rien même pas un rappel à la loi, même quand il nous a mis dehors. C’est là que j’ai découvert qu’aucun foyer d’urgence n’était adapté pour accueillir des femmes en situation de handicap.

7/ Aujourd’hui quand tu repenses à cette douloureuse période, aurais-tu envie de dire quelque chose en particulier à la Stéphanie de l’époque ?

Tu vas survivre… sincèrement je n’y croyais pas !

8/ Quels seraient les conseils à donner à une femme handi victime de violences ?

J’ai entendu parler d’une super initiative qui vend des sacs de « fuite » avec des conseils comme préparer la copie de ses papiers d’identité, un peu d’argent, quelques vêtements…

Site :https://www.rivedroite-paris.com/collections/olympe-1

 

Femmes handi invisibles !

 

 

 

1/ Nous parlons davantage des violences faites aux femmes valides, mais pas trop des women handi. Quel est ton avis sur le sujet ?

Il faut dire les choses : la violence est présente partout dans le monde du handicap, il y a une omerta et c’est un angle mort des politiques publiques…

2/ Dans notre pays, que devrait-on mettre en place pour venir davantage en aide aux femmes handi, victimes de violences ?

Un accompagnement de la part des forces de l’ordre, pour porter plainte au commissariat. Prévoir aussi, un suivi et une aide pour pouvoir se reconstruire après un traumatisme lié aux violences ! Pouvoir contacter ou être contacté par visio pour les personnes handicapées rencontrant des difficultés pour se déplacer ou pour se rendre au commissariat. Mais je crains qu’on nous oppose une question de moyens… Il en va pourtant de la santé et de la vie d’êtres humains, ça devrait faire partie des enjeux fondamentaux de notre société….

3/ As-tu des adresses où numéro de téléphone d’organismes qui pourraient aider les femmes handi victimes de violences ?

L’association Femmes Pour le Dire Femmes pour Agir est formidable. Voici leur site internet : https://fdfa.fr

4/ Lorsque nous sommes victimes de violences conjugales, physiques ou psychologiques, on a tendance à ne rien dire. Qu’as-tu envie de dire à toutes ses femmes qui subissent en silence ?

Ne rien laisser passer, dès les premiers signes, il faut parler, signaler !! Même si c’est compliqué !!

5/ Dans certains établissements accueillant un public en situation de handicap, il y a des faits de maltraitance. Que faudrait-il faire pour que cela s’arrête ? Être plus vigilant ? Des sanctions plus dures ?

Un véritable effort sur les recrutements, s’assurer de la bonne formation des personnes, mais hélas le manque cruel de candidat, de postulant pousse à recruter le premier venu. J’ai été confronté au problème, ils ont préféré soutenir l’intervenante pour ne pas la perdre.

 

 

L’association Me too handicap !

 

 

 

1/ Peux-tu nous dire pourquoi tu as créé l’association Me too handicap ?

Les femmes victimes de violences en situation de handicap sont encore plus exposées, moins protégées et cela me semble invraisemblable que le sujet ne soit pas abordé au grand jour et encore moins traité ! J’ai créé l’association pour alerter et sensibiliser, que les victimes ou ex-victimes se sentent reconnues.

2/ Quelles sont vos actions ?

Hélas, pour le moment je n’ai aucune ressource pour des actions et j’ai mis le peu de liquidités que j’avais pour à minima témoigner et alerter, mais à moi seule je n’ai ni les moyens ni la santé pour être présente partout où il faudrait.

Pour le moment j’ai pris des contacts, j’ai répondu à toutes les sollicitations, fait des conférences et je suis intervenue lors d’événements …

3/ Pourquoi l’avoir appelé Me too handicap ?

On connaît #metoocinema, #metootheatre, #metoopolitique…#metoohandicap est une évidence ! C’est le moins connu, car encore une fois la violence sur une femme handicapée n’est pas un sujet qui est soulevé et traité !!

4/ Peux-tu nous en dire davantage sur la campagne « Don à AEIA – Campagne #metoohandicap » (Agir Ensemble pour l’Inclusion et l’Autonomie) ?

Les dons iront au profit de la lutte contre les violences faites aux femmes en situation de handicap.

5/ L’argent récolté servira pour quel projet ?

Créer des communautés d’entraide sécurisées pour aider les personnes fragilisées, Identifier les safes places réellement accessibles grâce à la communauté, identifier les risques de rupture sur un trajet et les risques à domicile, lutter contre toutes les formes de violence, développer des outils créés sous le concept de l’accessibilité universelle.

6/ En tant que fondatrice de l’association Me too handicap, as-tu un message à faire passer à l’Etat Français ?

Il faudrait que, comme dans certains pays, ce soit à l’agresseur de quitter le lieu de résidence. Quitter son foyer pour une femme et des enfants victimes de violences est un double traumatisme et une insécurité supplémentaire, surtout quand on est handicapée !!! C’est un non-sens d’imposer ça à des victimes ! Il faut réagir très rapidement !!

7/ Que peut-on souhaiter à l’association Metoo handicap pour les années à venir ?

Qu’elle soit reconnue et soutenue dans les projets qu’elle souhaite porter pour trouver des solutions pour lutter contre les violences dont les femmes en situation de handicap sont victimes.

 

Un grand merci à Stéphanie Gateau de nous avoir parlé de ce qu’elle a malheureusement vécu dans sa vie ! Elle en a fait une véritable force de ses blessures et maintenant son combat est de venir en aide à d’autres femmes victimes de violences.

 

N’hésitez pas à suivre Stéphanie sur ses réseaux sociaux :

Lorsqu’on a été victime d’actes de maltraitance physique ou/et psychologique, notre vie est changée à jamais, cette brisure ainsi que ce mal feront partie de notre nouvelle vie. Même si on peut avoir des aides comme les thérapies, travailler sur soi-même… pour essayer que cette épreuve soit derrière nous, mais soyons réalistes il y aura toujours ce petit truc en nous pour rappeler cette douloureuse période même si cela peut diminuer avec le temps et un entourage bienveillant !

 

Les femmes en situation de handicap sont extrêmement touchées par cette maltraitance, c’est pour cette raison qu’il est urgent que les pouvoirs publics commencent à mettre des plans d’action concrets sur tout le territoire français !

Crédit photo : Stéphanie Gateau

Article écrit par : Sandrine Ciron

Prenez soin de vous les filles !

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *